A cause d’une caisse de transport déficiente, péripétie d’un chaton.

Nous l’avons baptisé Rescue. Il mérite bien son nom, la mort l’a frôlé à deux reprises en quatre jours, mais sa rage de vivre l’a sauvé.

L’histoire de Rescue

Une dame âgée qui a une grande propriété fait appel à notre association car elle a 2 chattes qu’elle nourrit dans son jardin qui ont fait des petits. On stérilise les minettes mais les chatons sont plus difficiles à capter et ils ont pratiquement deux mois.

Un mercredi matin, affolée et en pleurs, elle nous appelle. Une des 2 chattes et un chaton vont très mal. Le chaton a des convulsions.

Branle-bas de combat, une bénévole Carole va chercher tout ce petit monde et direction immédiate chez le vétérinaire. Ils sont immédiatement pris en charge et mis sous perfusion et il n’y a plus qu’à attendre. Il s’avère que ces chats ont consommé de l’anti limace. Après 24 heures tout se finit bien, les chats sont sauvés mais il faut les récupérer assez vite. On est jeudi matin.

Une bénévole Aimée se dévoue et part chez le véto avec des caisses de transport.

Chez le vétérinaire on lui précise que pas de souci les chats sont déjà en caisse de transport. Pourquoi se méfierait-elle ? Elle met donc les chats dans sa voiture et direction leur lieu de vie. Le trajet se fait sans encombre, les chats sont sages et ils ne miaulent même pas.

Arrivée sur place, Aimée parle à la dame âgée et va pour sortir les caisses de transport et libérer la mère, le chaton lui doit partir en famille d’accueil. En ouvrant la portière on s’aperçoit que le chaton a fait sauter la porte de sa caisse et s’est sauvé dans la voiture. Plus rapide que l’éclair il se réfugie sous le volant. Impossible de le récupérer.

La dame et Aimée s’assoient sur le banc à côté de la voiture toutes portières ouvertes et attendent. On espère qu’il va finir par sortir mais rien. De guerre lasse, on appelle les pompiers. Aucun bruit, aucun miaulement, les vigiles du feu démontent quelques garnitures, aucun chaton.  Ils en déduisent que le chaton s’est échappé sans que personne ne le voit et ils repartent en assurant qu’aucun chaton n’est dans le tableau de bord.

Tout est bien qui finit bien ? Hélas non !

Aimée a des doutes. En rentrant chez elle, elle entend un bruit vers la droite (comme un chat qui gratte, mais juste une fois). Elle s’arrête, écoute, rien pas de miaulement, pas de grattage. Donc elle repart et range sa voiture au sous-sol de son immeuble.

Toutefois, ce petit bruit entendu l’obsède, surtout qu’elle n’a pas vu le chaton sortir. Elle va donc plusieurs fois au sous-sol le jour-même pour vérifier sa voiture. Rien aucun bruit, aucun miaulement. Même scénario le lendemain, donc elle se persuade que les pompiers avaient raison, surtout qu’aucun voisin ne l’a prévenu qu’un chaton était dans sa voiture.

Le surlendemain, samedi à 14h, elle va pour prendre sa voiture et en ouvrant sa portière, que découvre-t-elle ! Le chaton dans tous ses états.

N’ayant rien pour le capter, elle referme sa portière, va chercher une caisse de transport et du thon, en espérant pouvoir l’attraper. Mais le coquin est reparti dans sa cachette inaccessible, même l’odeur du thon ne le fait pas sortir.

Elle appelle donc Cathy, capteuse émérite qui l’a rejoint et elles essaient de le faire sortir. On sait qu’il est là, il miaule. Mais rien ne se passe.

De guerre lasse, elles appellent un carrossier ami qui, par chance, est disponible et arrive dans le quart d’heure. On démonte les garnitures espérant à tout moment qu’on va découvrir le chaton mais rien. On sait pourtant qu’il est là. De temps en temps on l’entend miauler.

La soufflerie ne le fait pas sortir. Que faire ? Il faudrait démonter tout le tableau de bord. De plus le temps presse, ce chaton doit être déshydraté, il n’a rien mangé et bu depuis plus de quarante-huit heures. Il faut absolument trouver une solution. Les bénévoles sont au bord du désespoir, ce chaton va mourir si on ne fait pas quelque chose très vite. Mais quoi faire de plus ?

Et là, le Dieu des Chats intervient.

Il intervient toujours dans les situations désespérées, foi de bénévole avec plusieurs années d’expérience. Une idée géniale germe chez Cathy : elle a son frère, Rogers, en famille d’accueil et on va tenter le tout pour le tout, lui en miaulant va le faire sortir. C’est peut-être risqué mais c’est la seule issue possible !

Ni une ni deux on va chercher le frère mais encore une heure de perdue. Il est 18 h 30.

Rejointes par deux autres bénévoles, Muriel et Emilie, elles sont maintenant quatre. On a baissé les sièges arrière, on a installé une caisse de transport professionnelle mi-ouverte pour y mettre le chaton et on installe la caisse du petit frère à l’arrière. Toutes les portes sont fermées. Le silence se fait les quatre bénévoles retiennent leur souffle, c’est l’opération de la dernière chance.

Miracle

Les deux frères miaulent et se répondent. En quelques minutes, il sort de sa cachette dès qu’il a atteint la partie arrière de la voiture, dans une synchronisation parfaite, Cathy et Muriel ouvrent les portières avant et bloquent les accès sous le tableau de bord avec des linges. Le chaton continue vers son frère et avec une maestria incroyable, Cathy ouvre la porte arrière saisit le chaton et l’enferme dans la caisse de transport professionnelle.

Le chaton est sauvé. La pression retombe, l’émotion est à son comble, il est 19 heures. On a les larmes aux yeux. Il est immédiatement baptisé Rescue mais il a l’énergie du désespoir. Il saute dans la cage, il faut la recouvrir d’un drap pour le calmer. Rogers lui reste calme.

Une fois calmé on peut lui donner un peu à manger, il dévore sa pâtée… 

Voilà ce qui peut arriver pour une caisse de mauvaise qualité. Tout cela aurait pu être évité.

Cela a mobilisé les pompiers, six bénévoles et beaucoup de temps sans compter le côté émotionnel ! Voilà aussi pourquoi les associations ont besoin de votre aide aussi bien en don pour acheter du matériel et de la nourriture, mais aussi en bonnes volontés. Ça s’est réellement passé, ce n’est pas une affabulation ou un joli conte qui finit bien, c’est notre quotidien de bénévoles.

Il faut que tous nous prenions conscience que la stérilisation est absolument nécessaire pour éviter la prolifération. Détruire les chats n’est pas la solution, puisque plus nous les détruirons, plus ils se reproduiront, c’est dans leurs gênes, pour préserver l’espèce, contrairement aux éléphants par exemple…